On
lit dans la Correspondance Gromier du 26 juillet 1902:
RÉMINISCENCE
OPPORTUNE
______
Un des prédécesseurs
de Camille Pelletan au Ministère de la Marine, l'ancien
garibaldien Lockroy, aujourd'hui vice-président de la Chambre
des Députés, écrivit ce qui suit, le 24 octobre
1868, sous l'Empire:
" Ce que
m'inspirent les prospectus, les réclames, les annonces,
les discours d'apparat, les professions de foi, ce n'est pas tant
le dégoût de ceux qui les font, que le mépris
de ceux qui les croient...
" Comment,
braves gens! Vous avez été melonnés vingt
fois; vous avez donné dans tous les panneaux; vous avez
perdu votre argent; vous avez risqué le pain de vos enfants
dans une foule de combinaisons, soit honnêtes, soit déshonnêtes,
et vous n'êtes pas satisfaits?
" Vous
avez vu des hommes trahir vingt fois leur patrie, piétiner
sur leur serment, jongler avec leur honneur; et quand ils parlent
vous les écoutez! Vous avez été joués,
vous voulez l'être!
" Vous
avez été tondus jusqu'à la peau, vous voulez
qu'on vous tonde encore! Faites-vous tondre! Le public est je
crois de la nature des mérinos, sa laine repousse.
" Chamfort
demandait autrefois: Combien faut-il de sots pour composer un
public?
" Il me
semble que nous pourrions demander, à notre tour: Combien
faut-il d'imbéciles pour faire un peuple?
" On devrait
faire aux hommes d'argent, pour les rendre honnêtes, ce
qu'on fait aux petits chiens pour les rendre propres; on devrait
leur mettre le nez dans leurs combinaisons."
[Édouard
LOCKROY dans le Diable à Quatre.]
Illustre
publiciste, lisez les huit pages que je vous envoie: Enquête
sur le Canal de Panama par la chambre des Représentants
des États-Unis de l'Amérique du Nord (1) (traduit
de l'anglais par l'un de nos éminents coreligionnaires
pour la Question de Demain), et vous y trouverez "à
boire et à manger" pour les "petits chiens"
français, allemands et américains - pardon, je veux
dire les petits (et même les grands) financiers cosmopolites.
Joseph
ARON
(1)
En 1893, la majorité du Congrès des États-Unis
était démocratiques et le Président était
M. Cleveland. (Note de l'éditeur)
|
EX-ASSOCIE
DE WEIL & Co
|
65,
PINE STREET
|
NEW-YORK
|
ANCIEN
FONDE DE POUVOIR
|
de
la
|
MAISON
DE BANQUE LAZARD FRÈRES
|
NEW-YORK
|
Auteur
de "CANADA-TRANSVAAL"
|
|
107,
avenue de la République
|
Montrouge,
le 23 juillet 1902
|
MONSIEUR
LE RÉDACTEUR
EN CHEF
|
de
l'Appel au Peuple de la Seine
|
63,
rue de Chabrol, PARIS
|
|
Monsieur,
En
revenant de Mers, j'ai trouvé votre journal L'Appel
au Peuple de la Seine, du 17 juillet 1902, que vous m'avez
fait l'honneur de m'envoyer.
Sur
la première page, j'ai trouvé le portrait de M.
Combes, Président du Conseil des Ministres, avec l'entrefilet
suivant:
TRÈS
BIEN
Les
sacristains ne sont pas contents. Ils ont cherché noise
à M. Combes, président du Conseil des Ministres.
Celui-ci a répondu catégoriquement qu'il appliquerait
la loi, et il a ajouté qu'il était nécessaire
d'affirmer l'existence d'une majorité républicaine,
bien décidée à assurer la victoire d'une
Société laïque sur l'obédience monacale.
La Chambre des députés a voté l'ordre du
jour Dubief, proclamant sa pleine confiance envers le Gouvernement,
et il a ordonné l'affichage du discours ministériel...
C'est
l'abomination de la désolation: In Secula Seculorum!
Amen!
Permettez
moi d'abord, Monsieur, avant de vous remercier pour l'article
LA VÉRITÉ SUR LE PANAMA CANAL ET LE PANAMA RAIL-ROAD,
de vous dire franchement que je ne partage nullement vos idées
au sujet de ce que l'on vient de faire en France pour les écoles.
Je partagerai plutôt les idées du Comité Catholique
pour la défense du droit dont l'appel du 21 juillet est
conçu dans les termes suivants: - Je copie du Temps:
LA
FERMETURE DES ÉCOLES LIBRES
On
nous communique l'appel suivant du Comité Catholique pour
la défense du droit:
"Paris,
21 juillet
" Le
Comité Catholique pour la défense du droit,
"
Fidèle aux principes de 1789, dont il n'a cessé
de réclamer l'application loyale, soit qu'il s'agît
d'un juif, illégalement et injustement condamné
pour le crime d'un autre, soit qu'il s'agît de pères
de famille empêchés, comme au temps de la révocation
de l'édit de Nantes, de donner à leurs enfants l'éducation
de leur choix, soit, enfin, qu'il s'agît de religieux privés
de droits que garantit à tous les Français la déclaration
des Droits de l'homme et du citoyen, statut fondamental de la
Société moderne:
" Renouvelle
aujourd'hui ses protestations antérieures, et dénonce,
comme contraire aux principes les plus certains de la justice
et de l'équité, la fermeture d'établissements
catholiques auxquels plus de cent mille français ont confié
leurs enfants.
" Aux termes
des déclarations expresses de M. Waldeck-Rousseau, ces
établissements ne sont pas visés par la loi nouvelle."
Ceci
dit, je vous remercie bien sincèrement d'avoir reproduit
l'article de La Correspondance Gromier du 12 juillet 1902.
Et
cependant, permettez-moi de ne pas accepter tout le crédit
de celui qui signe "Un Indiscret" veut bien m'attribuer.
M.
Gomier m'a rendu des services bien précieux avant la publication
de La Question de Demain. En effet dans le Parti Commercial,
organe de l'Union Méditerranéenne, du 3 mars 1889,
M. Gromier a Publié dans son journal ce qui suit:
LA
VOIX D'UN PATRIOTE
Voir
la France de loin, c'est la comprendre mieux, et c'est l'aimer
davantage. M. Joseph Aron a passé de longues années
aux États-Unis. Aussi, qu'on ne s'étonne pas de
trouver, en M. Aron un ardent patriote. La lettre suivante, traduite
de l'anglais, adressée à l'historien américain
Bancroft, sera lue avec intérêt par tous ceux qui
veulent le relèvement de la patrie française (Lire
la lettre en question dans le Parti Commercial).
En
1892, avant l'existence de La Question de Demain, le New-York
Herald de Paris publiait, dans les numéros de 26, 27
et 28 novembre 1892, sur la France, des articles tels que l'on
n'aurait toléré ni à New-York ni à
Berlin ni à Londres. J'écrivis au rédacteur
du Herald une lettre dont on trouvera le fac-similé
et la traduction ci-après.
C'est
grâce à M. Gromier que j'obtins l'insertion dans
le Herald, qui depuis refuse toutes mes communications.
Vous
voyez, Monsieur le Rédacteur, que si quelqu'un est l'obligé,
c'est M. Joseph Aron et non pas M. M.-A. Gromier.
Au
début de La Question de Demain, M. Gromier a, pour
une somme insignifiante, dans son 2e numéro, avec l'autorisation
d'Alexandre Dumas fils, publié, en son entier, la correspondance
échangée entre l'illustre écrivain et moi,
au sujet de la question du Copyright ou protection des
auteurs français aux États-Unis.
Plus
tard, M. Gromier publia, le 5 avril 1894, son magistral article
sur le Canal de Panama et sur le Chemin de fer de Panama.
M.
Gromier a bien voulu, à la réception de ma dernière
brochure L'Amérique et la France, publier dans La
Correspondance Gromier du 12 juillet 1902 la lettre signée
"Un Indiscret", que vous avez eu l'amabilité
de reproduire en entier dans votre journal.
Je
me permets, Monsieur, de vous adresser un exemplaire de L'Amérique
et la France, ainsi que le supplément Panama, Document
Historique, etc., etc.
Comme
vous le verrez sur la couverture, j'ai dédié cette
petite brochure aux Présidents des deux Républiques
surs.
Le
Président des États-Unis m'a fait l'honneur de m'accuser
réception de cette brochure dans les termes suivants:
White
House, Washington, 7 juillet 1902
Mon cher Monsieur,
J'ai l'honneur
de vous accuser réception de la brochure que vous avez
eu la bonté d'envoyer récemment au Président
et de vous remercier de sa part de votre bienveillante courtoisie.
Bien sincèrement
à vous
Geo.
Cc... Secrétaire
du Président.
Monsieur
Joseph Aron, 107; avenue de la République, Montrouge,
Seine (France)
J'ai
fait un envoi, en même temps, de cette brochure à
tous les Ministres et à Monsieur le Président de
la République française.
J'ignore
si on l'a remise à Monsieur le Président. Je constate
simplement que je n'ai été favorisé d'aucun
accusé de réception.
Le
seul membre du cabinet qui m'a fait l'honneur de m'envoyer sa
carte, au reçu de la brochure, est M. Delcassé,
ministre des Affaires Étrangères. Je lui en suis
très reconnaissant.
Déjà,
le 30 juin 1894, je me suis adressé à M. le Président
de la République (alors M. Casimir Perier) qui traita ma
lettre avec un dédaigneux silence.
Me
Waldeck-Rousseau, dans une plaidoirie contre moi devant la troisième
chambre du Tribunal Civil de la Seine où il ne me fut pas
permis de répondre, s'est moqué très spirituellement
de la lettre et du télégramme, que je m'étais
permis à l'époque d'envoyer à M. le Président
de la République. Voici la copie de ma lettre et des principales
parties du télégramme en question:
30,
rue Bergère. - Paris, le 30 juin 1894
Monsieur
le Président de la République Française,
Pardonnez-moi
la liberté que je prends de vous envoyer la copie certifiée
d'une dépêche au sujet du Panama, expédiée
par moi le 29 juin 1894, à 11h. 20 du matin, de Villiers-sur-Marne.
J'ose
appeler toute votre attention sur cette dépêche.
Que
Dieu préserve votre administration d'un nouveau fiasco
du Panama!
Respectueusement,
Joseph
Aron
TÉLÉGRAMME
" ... Je
crois de mon devoir d'appeler particulièrement votre attention
sur le numéro daté du 23 de ce mois de la revue
Économique et financière dont le directeur
en chef est M. Kergall. Vous y pourrez lire, à la page
499, un article sur la reconstruction du Panama.
" S'il
faut en croire Le Matin, du 27 juin, le projet dont il
s'agît serait un fait accompli à l'heure qu'il est;
les Statuts d'une Société au capital de 60 millions
de francs auraient été déposés chez
maître Lefèbvre, notaire, et sans les récents
événements politiques, rien ne défend de
croire que le liquidateur du Panama aurait déjà
consenti le transfert à la Société nouvelle.
" Devant
cette situation évidemment grave, j'estime que votre rôle
est tout tracé.
"
Je n'est pas le moindre doute, malgré les craintes exprimées
par M. Kergall, que le Président, que la vox populi
vient d'imposer au Congrès et dont l'élévation
au pouvoir a conquis les sympathies du monde entier, n'aurait
aucune peine à obtenir du Gouvernement colombien, dans
l'intérêt des actionnaires du Panama, une prolongation
de six mois à partir du 31 octobre prochain, date fatidique
dénoncée par La Revue Économique.
" Certes,
je ne me permets point de mettre en suspicion la compétence
de M. Kergall en matière financière.
" Choisi
récemment par M. Poincaré, ministre des Finances,
pour faire partie de la Commission de l'impôt sur le revenu,
peut-être y a-t-il fatuité de ma part à élever
ma faible voix auprès de la sienne. Mais M. Kergall excusera
ma franchise en faveur de ma sincérité.
"
Je ne saurais, en effet, voir de différence appréciable
entre le projet que préconise M. Kergall et celui de MM.
Bartissol et Kératry. Aucun de ces Messieurs n'est Ingénieur;
aucun d'eux n'abrite son opinion derrière celle d'ingénieurs
des ponts et chaussées absolument compétents. La
France n'en manque point qui, après une enquête sérieuse
faite de visu, seraient disposer à soutenir sous leur signature
et leur responsabilité personnelle, la possibilité
et le coût de l'achèvement du Canal de Panama.
"
De même que MM. Bartissol et Kératry, M. Kergall
demande d'effectuer de suite le transfert du Chemin de fer de
Panama. Or le Chemin de fer de Panama, qui ne doit, sous aucun
prétexte, sortir des mains françaises, représente,
aujourd'hui, comme valeur intrinsèque, plus de 100 millions
de francs!
" Est-il
possible, je le demande, d'abandonner un tel gage auquel s'ajouterait
le produit des valeurs à lots à une Société
au capital de 60 millions de francs?
"
Ce qu'il importe de réclamer, avant tout, dans ma conviction,
ce n'est donc point de constituer, d'ores et déjà
une Société, c'est de procéder à une
enquête approfondie, confiée à une Commission
technique et autorisée et choisie sous les auspices du
Gouvernement français.
" Cette
Commission seule aurait qualité pour se prononcer sur l'avantage,
la possibilité de poursuivre utilement les travaux du Canal
et d'évaluer d'une façon certaine les frais à
prévoir.
" Toute
combinaison ne reposant pas sur ces conditions primordiales pourrait
être acculée, selon moi, à une nouvelle catastrophe
sur les conséquences de laquelle je crois superflu d'insister
longuement.
" Qui ne
voit, en effet, que Chemin de fer et Obligations à lots,
les seuls gages des infortunés actionnaires du Panama,
seraient perdus alors à tout jamais, tandis que des centaines
de millions, qui pourraient être si utilement employés
au Canal des Deux Mers, seraient engloutis de nouveau pour la
poursuite d'un rêve peut-être purement chimérique...
" Joseph
Aron"
Vous
renouvelant, Monsieur le Rédacteur en chef, mes plus sincères
remerciements, je vous prie d'agréer l'assurance de mes
meilleurs sentiments.
Joseph
ARON.
FAC-SIMILÉ
|
du
New-York Herald
|
de 1892
|
__________
|
NEW
YORK HERALD
|
EUROPEAN
EDITION
|
49
AVENUE DE L'OPÉRA
|
PARIS
|
____ . ____
|
NOVEMBER
29, 1892
|
_____________
|
THE
PANAMA RAILROAD AND THE PANAMA CANAL
|
_______
|
To
the Editor of the Hearld
I
am confident you will publish the following because I
know that "fair play" is the motte of the New-York
Herald.
The
controlling interest in the Panama Railroad Company was
sold in 1881 for $ 250 gold per share to the Panama Canal
Company by a group of leading American bankers, among
whom was the Vice-President. Not withstanding this sale,
the Board of Directors of the Panama Railroad Company
contnued to be composed of leading citizens of the United
States, who had full management of the affairs of the
company.
M.
Monchicourt had never any right to set for the directors
and Mr. Lauterbach (the well known German Lawyer) is mistaken
when he states (as reported in the Herald) that M. Monchicourt
has issued an order injuriously affecting the American
shipping interest. If this was done, it must have been
done by the board of directors. Who are they? In Poor's
Manual of Railroads, 1892, I find (page 1.123): "Directors
of the Panama Railroad, elected April 1892 - President:
General John P. Newton; Vice-President: Charles Coudert;
Directors: J. W. Adams, S. R. Probasco, E. L. Oppenheim,
R. A. Cheeseborough, A. E. Drake, S. L. Felton, J. E.
Simmons, Dr. Lowber Smith, Xavier Boyard, W. E. Franklin,
J. H. Parker; Lawyers of the Company: Coudert Bros.
Is
it because Messrs. Coudert Bros. are the lawyers of the
French Consulate in New-York that you state in your issue
of the day that the French Government is behind the scenes?
But
do you believe the Panama Canal Company, really owns today
the 69.000 shares it purchased in 1881? I read in the
same Poor's Manual (page 1.122), a notice on "Panama
Railroad." wich allready appeared the last two years,
"A controling interest in this road was until
recently owned by the Compagnie Universelle du Canal
Interocéanique de Panama." Until recently!
Who owns the control know? The Herald should find this
out. Are the poor Panama Canal shareholders going to be
swindled out of a few shares remaining? I feel satisfied
the American people will not allow the Monroe doctrine
to be used for that purpose.
Let
President Harrison consult with Vice-President Morton
about the sale of 1881. If the United States want the
Panama Railroad, I feel confident the Panama Canal shareholders
will take somewhat less per share that the amount they
paid to the leading American bankers who constituted the
American committee of the Panama Canal Company, presided
over by the ex-Secretary Mr. Thompson.
Joseph
Aron
Paris,
November 28, 1892.
|
|
Traduction
par O. E. JENKIN
|
_____
|
NEW-YORK
HERALD (29 novembre 1892)
|
ÉDITION
EUROPÉENNE
|
___
|
LE
CHEMIN DE FER DE PANAMA
|
ET LE CANAL DE PANAMA
_______
|
Au
Rédacteur en chef du Herald,
Sachant
que "franc jeu" est la devise du New-York
Herald, je suis persuadé que vous publierez
ce qui suit:-
L'intérêt
prépondérant dans la Compagnie du Chemin
de fer de Panama fut vendu en 1881, au prix de 250 dollars
en or par action, à la Compagnie du Canal de Panama,
par un groupe de gros banquiers américains, parmi
lesquels était le Vice-Président des États-Unis.
Malgré cette vente, l'administration de la Cie
du Chemin de fer de Panama continua à être
composée de citoyens notables des États-Unis,
qui avaient l'entière direction des affaires de
la Compagnie.
M.
Monchicourt n'a jamais eu le droit d'agir au nom des directeurs,
et M. Lauterbach (l'avocat allemand bien connu à
New-York) se trompe en disant (selon un rapport du Herald)
que M. Monchicourt a formulé un ordre faisant un
tord aux intérêts du commerce maritime américain.
Si cela a été fait, il doit avoir été
fait par le Conseil d'administration. De qui se compose-t-il
ce conseil? Dans Poor's
Manual of Railroads 1892,
je trouve à la page 1123:- "Directeurs du
Panama Railroad, élus Avril 1892: Président,
le Général John P. Newton; Vice-Président,
Charles Coudert; Directeurs,
J.
W. Adams, S. R. Probasco, E. L. Oppenheim, R. A. Cheeseborough,
A. E. Drake, S. L. Felton, J. E. Simmons, Dr. Lowber Smith,
Xavier Boyard, W. E. Franklin, J. H. Parker; avocats de
la Compagnie, Coudert frères.
Est-ce
parce que MM. Coudert frères sont les avocats du
Consulat français à New-York que vous dites
dans votre numéro de ce jour que le gouvernement
français se tient derrière le rideau?
Croyez-vous
que la Compagnie du Canal de Panama est aujourd'hui réellement
propriétaire des 69.000 actions qu'elle acheta
en 1881? Je lis dans le même Poor's Manual,
page 1122, une remarque sous la rubrique "Panama
Railroad": "Un intérêt prépondérant
dans cette compagnie était jusqu'à tout
récemment, possédé par la Compagnie
Universelle du Canal interocéanique du Panama."
Jusqu'à tout récemment? Qui possède
la prépondérance à présent?
Le Herald devrait se renseigner la-dessus. Les
pauvres actionnaires du Canal de Panama vont-il être
escroqués des quelques actions qui restent? Je
suis persuadé que les américain ne permettront
pas que la doctrine Monroe soit employée à
cet effet.
Que
le Président Harrison confère avec le Vice-Président
Morton sur la vente de 1881. Si les États-Unis
désirent le Chemin de fer de Panama, je suis convaincu
que les actionnaires du Canal de Panama accepteront un
peu moins par action que le prix qu'ils payé aux
grands banquiers américains qui composaient le
Comité américain de la Compagnie du Canal
de Panama présidé par l'ex-ministre de la
Marine Thompson.
Joseph
Aron.
Paris,
28 novembre 1892.
|
|